vendredi 24 août 2012

YUNNAN


YUNNAN

Nous voilà rendus à Lijiang, une petite ville (relativisons, on est en Chine, donc une petite ville ici, c’est pas Gueugnon, mais plutôt de la taille de Toulouse) classée à l’UNESCO pour son centre historique, qui a gardé son aspect d’antan, fait d’échoppes en bois, de ruelles pavées serpentant le long de canaux et de toits en ardoises grises. 

Derrière cette phrase et le choix des mots il faut comprendre :
Gardé son aspect d’antan : non non, pas le charme d’antan, mais son aspect. Dans le tourisme chinois, tu ne peux pas montrer au public un « produit » imparfait. Donc ça rénove à tous bouts de champ jusqu’à ce que les lieux perdent de leur charme. Donc c’est beau mais ça n’a plus que peu de charme.
Echoppes en bois : plutôt des shop en bois. Le centre ville n’est composé que de magasins, de bouffe (les chinois mangent toute la journée, et ils risquent rapidement d’avoir une population d’obèses), de souvenirs ou encore de bijouteries. Donc si on veut de l’authenticité, mieux vaut passer sa route.
Ruelles pavées : quand il pleut, ça glisse. Dans plusieurs endroits de chine, on a constaté qu’ils n’utilisaient que des pierres hyper glissantes dans leur rénovation. Et puis qui dit ruelles + Chine = si tu viens après 9H, c’est blindé de monde. Pour profiter de ruelles calmes et voir un peu de vie locale, je pense qu’il faut être sur place à 7H30.
Long des canaux : ou égouts, au choix... Donc quelques odeurs suspectes régulières.
Voilààààààààààà, l’office du tourisme de Lijiang vous remercie d’avoir lu ces quelques lignes !
Je plaisante, ça mérite quand même un petit détour de 2 heures (de 7h à 9h). Et puis non loin (8km) de la vieille ville de Lijiang, il ya celle de Shuhe, qui est un peu moins blindée. Mais c’est tout de même un peu le même modèle. Donc mieux vaut ne pas arriver trop trop tard. C’est à Shuhe que l’on dormait et où nous avons organisé la suite du voyage (et très bien dîné dans le centre touristique grâce aux recommandations d’une fille d’agence de voyage, Jacquel, qui nous a bien aidé). On a dégoté un taxi à la journée pour 9 heures de trajet pour 1000 Yuans (120€) incluant les arrêts que l’on souhaitait faire.




Le lendemain, avec 15 minutes de retard, notre chauffeur arrive. Une vieille VW qui a été classe en son temps. A bord, des vrais tapis installés sur les sièges afin de préserver le cuir, et une télé à la place du rétroviseur…. Oui, oui, une petite télévision... Je ne sais pas si les chinois captent MTV et kiffent « pimp my ride » mais ils envoient du pâté sur l’aménagement intérieur. Le chauffeur ne parle pas un traitre mot d’anglais donc ça s’annonce compliqué ! En revanche il est bavard car il passe la première ½ heure de trajet de Shuhe à Lijiang au téléphone avec des potes. Et il nous a un peu tendu au cours de la journée. La journée commençait par un stop à lijiang où nous lui avions dit que nous resterions de 9H à 10H30. Après 20 minutes d’hésitation sur où se garer (il aurait pu juste nous lâcher et venir à 10H30 nous récupérer et profiter de son 1H30 pour solutionner ses problèmes, appeler ses potes, faire caca, etc…), on finit par se garer. On part en vadrouille et à 9H48, mon téléphone sonne : « let’s GO, let’s GO, let’s GO !!! ». S’en suivent 8 appels en absence (je n’exagère pas) entre 9H48 et 10H30 plus des messages (que j’écouterai en rentrant à Paris, je pense que ça me fera bien marrer « let’s GO !! » et surtout d’imaginer sa tête quand il recevra la facture de son opérateur téléphonique pour le mois d’aout en découvrant le coût des appels internationaux…). On finit par arriver à 10H40, histoire de lui montrer qui est le chef (comme dirait Sefyu ou Sniper « tu sais c’est qui qui domine !! »). On repart donc direction l’ouest, vers les montagnes, bien décidés à ne pas arriver trop tard à Benzilan, notre destination finale. Sauf que notre ami chauffeur (qui s’appelle Tchillin’) a décidé de passer au garage. Pas pour prendre de l’essence (il le fera 30 minutes plus tard, non non, il ne pouvait pas le faire pendant son 1H30 d’attente puisqu’il était occupé à me harceler au téléphone !!!), mais pour faire sa révision !!!!!!! On hallucine totalement… D’un autre côté on est rassurés, la voiture est comme neuve et l’opération ne prend finalement pas plus de 10 minutes, mais on se pose vraiment des questions sur les capacités d’organisation et de logique de l’animal…
Sur le chemin, petit détour pour voire les gorges du saut du tigre. C’est assez impressionnant. Un fleuve au fond d’un profond canyon et des rapides impressionnantes. Des litres et des litres de cacolac© qui s’accélèrent dans la gorge qui se resserre jusqu’à 16 mètres de large. 1 petite heure de visite plus loin, on repart et Tchillin semble s’être calmé. 




Mais au fur et à mesure de la journée, on sent qu’il est fatigué et on se dit que l’on va vraiment finir dans un ravin. On lui demande si ça va plusieurs fois parce qu’il a les paupières qui se ferment mais heureusement, on est alors tout proche de Shangri-la, où nous avons prévu un stop. On passe la dernière demi-heure de l’étape à scruter ses yeux et à faire des petits bruits ou à chanter pour le tenir éveillé…
On mange à Shangri la (des nouilles tibétaine trooooop bonne) et  on lui achète un red-bull. Par chance, un de ses potes le rejoint pour faire la fin de la route ensemble et on est un peu rassuré parce qu’il reste 3 heures et qu’il y aura quelqu’un pour le tenir éveillé.
Sur le chemin, on croise quelques paysages absolument magnifiques, et qui nous récompensent de la dureté du voyage. 





On arrive enfin à Benzilan sur les coups de 20H. Benzilan est un grand village encastré au milieu des montagnes. Nous avons choisi l’option monarque en réservant un lodge (le Songtsam lodge) assez classe, installé dans une vieille ferme tibétaine réaménagée avec tout le confort et un vrai charme.
Sauf qu’il nous faut encore trouver le lodge... Tchillin a alors décidé de nous « relouter » une dernière fois avec son pote (crétins tous les 2, on les surnomme dumb & dumber). Je lui explique que l’hôtel l’appellera sur son portable et qu’il lui suffit d’attendre. Mais Tchillin, qui se croit malin, appelle l’hôtel… Sauf qu’il appelle l’hôtel que l’on a quitté 12 heures plus tôt… Donc évidemment la discussion tourne court. On commence à se tendre... Tout à coup, il se fait appeler par un numéro inconnu, on lui dit de répondre mais il le fait pas ce couillon !!! Finalement, après 15 min de sketch à qui sera le plus crétin des 2, ils réussissent à avoir le lodge et on prend la direction du lodge, en remontant des lacets parcourant la montagne jusqu’au lodge. Mais vu son état de fatigue, il râte la bifurcation située dans un virage. Je lui indique par des cris ; il pile ; il commence alors une marche arrière en aveugle, en plein virage. Je ne suis pas de nature peureuse, mais franchement c’était n’importe quoi ! Une voiture à ce moment là et on crevait tous ! On finit par prendre le bon embranchement (vivants !!!) mais il ne trouve toujours pas. Il faudra 4 coups de fils et que quelqu’un du lodge vienne sur la route pour que l’on trouve. On est dans un état de stress assez élevé et on en peut plus.
Mais l’arrivée dans le lodge nous réconcilie avec TOUT. Un havre de paix. Un bâtiment magnifique et des employés adorables. On paie cher la nuit pour le pays (150€ en pension complète) mais on ne regrette pas, mais alors pas du tout. La chambre est magnifique, la vue superbe et le diner est servi rapidement, juste pour nous, et c’est super bon !
Le lendemain, on quitte les lieux avec un peu de regret de ne pas y rester un peu plus longtemps. On refait 3 heures de routes de montagnes, avec plusieurs passages > 5000 mètres d’altitude mais avec la perspective de passer 2 nuits dans un autre lodge du groupe, donc on se dit que ce sera beau aussi.
Sur le chemin, on fait une petite halte au monastère de Donghzulin, à 22km de Benzilan. Le monastère est beau mais en complète rénovation. Comme pour tous les sites touristiques, le droit d’entrée est hyper cher, et ça manque un peu de vie et de moines. C’est d’ailleurs je pense la seule chose qu’il m’a manqué dans ce voyage. Je n’ai pas retrouvé la spiritualité que je pensais trouver dans une région bouddhiste tibétaine. 









On passe ici aussi dans des paysages sublimes avec des prairies de fleurs, des montagnes à perte de vue, des yaks qui paissent. Et on arrive au lodge, et l’émerveillement est également présent








Le bâtiment est un peu moins beau qu’à Benzilan (Benzilan nous a aussi marqué par le contraste de stress lié au chauffeur et le passage à la quiétude absolue du lieu où nous étions seuls au monde), mais le paysage est bien plus beau avec une vue depuis la chambre de la chaine de montagne la plus haute du Yunnan culminant à 6770 mètres. Au programme : farniente, et bouffe, et une petite rando de 2 heures histoire de dire qu’on a fait quelque chose. C’était vraiment beau.

2 jours après, on repart à Shangri-la, à 6 heures de routes de Songtsam Meili. On en profite pour visiter le monastère de Sangzulin (orthographe incorrecte) et la vieille ville. Là aussi, c’est beau mais ça manque un peu de dévotion (les moines sont plus intéressés par mater la poitrine de Laurence que par leurs rouleaux de prière). La vieille ville est une réplique de Shuhe et Lijiang. Malgré tout les environs sont beaux et on regrette quand même de ne pas avoir eu 2 ou 3 jours pour profiter des alentours. Cela dit, l’altitude (on est à 3200 mètres) pèse un peu sur nos organismes. 















Le lendemain matin, retour vers la civilisation et Shanghai !! J’avais déjà adoré cette ville en 2010, grâce aussi à Athé et Guillaume et je confirme que j’aime vraiment cette ville. C’est pas la plus belle ville du monde, il n’y a pas des milliards de choses à voir, mais c’est dynamique et il y a plein de choses à faire. On descend dans un hôtel canon (le Puli) et on se balade. Il fait par contre hyper humide et la chaleur est très pesante. 

Je lance d’ailleurs un concours via ce blog. Nous avons vu, à Pékin, en début de voyage des petites statuettes ressemblant à des sumos mais avec des masques de personnages des opéras de Pékin, dans uen boutique de Nanluogu Xiang. En début de périple, on a décidé de ne pas s’encombrer de ces statuettes en se disant qu’on les retrouverait à Shanghai. ET bien, nous avons visité toutes les boutiques du monde sans les retrouver. Voilà ce à quoi ça ressemble :

Celui qui nous donnera un lien pour les acheter sur internet gagnera un diner !
Voilà, c’est la fin de ce voyage. Pas de bilan comme en 2010, mais j’ai une nouvelle fois adoré cette destination. On a super bien mangé, on a vu des paysages magnifiques, on a fait un peu de culture, quelques randonnées inoubliables et quelques très belles rencontres.
Je pense que ce n’est pas la dernière fois que nous irons en Chine !!
Fin des vacances à Barcelone, en famille et reprise du boulot mardi… j’ai hâte………..

lundi 20 août 2012

LE LAC LUGU (lugu hu)

LE LAC LUGU (lugu hu)
Attention, 2ème post du jour, checkez l'article d'avant !
Entre Xichang au Sichuan et Lijiang au Yunnan figure le lac Lugu. C'est loin de tout (7 heures de bus depuis Xichang et 7 heures de bus depuis Lijiang), mais ça nous permettait de faire une petite étape dans le trajet.
Les 7 heures de bus (+/- 2 heures selon les conditions de route) sont passés assez facilement pour les 2 trajets, notamment grâce aux paysages assez magnifiques qui jalonnaient les itinéraires. Arrivée à la ville du lac lugu, de laquelle on ne voit pas le lac et nécessite de reprendre un moyen de transport pour aller à Lige, le village que nous avions repéré. On réussit à négocier 80 Yuans la voiture pour la ½ heure de trajet jusqu'à Lige (environ à l'opposé du lac), partagés avec des chinois rencontrés dans le bus (et dont le rêve était de faire du vélo à Paris…).
ET là où l'on pensait voir un simple lac, on a tous les 2 subis l'effet « WHaouuuuuuuu ». C'est vraiment très beau. On est à 2800m d'altitude, la lumière est belle, les couleurs, les reflets sur l'eau sont fabuleux et ça reste assez sauvage.
Le chauffeur de taxi nous dépose sur un promontoire surplombant le village de Lige. Point de vue magnifique, avec un chörten (stupa), des drapeaux de prières et le lac. Mais ça ne nous arrange pas du tout. EN fait pour s'éviter 3 kilomètres de montagne pour nous amener en « ville », le chauffeur nous pose là et pretexte auprès de nos amis chinois des problèmes de « traffic jams » et de circulation. C'est de toute évidence un gros mytho, mais nos amis chinois, sortant de leur monde de bisounours acceptent sans broncher d'être déposé. On leur fait comprendre que le mec s'est foutu de notre gueule et qu'il a menti, ce qui les amuse. On se retrouve donc avec nos sacs, à devoir marcher sur de la terre, très pentue, pour rejoindre le lac. Ca glisse et c'est franchement dangereux. Enc… de chauffeur. Laurence se fait une petite alerte et finit sur les fesses. J'essaie de garder une certaine confiance pour la convaincre de me suivre mais je me mange une vilaine taule. Je glisse, et finit empalé sur des arbres, le dos et le bras gauche, totalement lacérés. Mon beau t-shirt ripcurl acheté en Australie vit ses derniers instants. Je souffre un peu, mais ne le montre pas trop à Laurence qui est dans un état de stress et d'énervement déjà proche de l'Ohio. Je pense que si l'on retrouvait le chauffeur à ce moment là, il aurait finit émasculé. On remonte donc sur le point de vue et on prend un autre taxi qui nous amène en bas.
La galère ne fait que commencer. LE conseil à donner aux voyageurs, c'est de réserver son hôtel AVANT. On pensait que ce serait facile mais que-nenni. On arpente les bords de lacs passant d'hôtel en hôtel. Tandis que nos amis chinois avaient obtenu des prix de 300 yuans / nuit et visiblement de la place (mais trop cher pour eux donc ils ont été cherché plus loin), lorsque nous arrivons les prix gonflent et plus aucune chambre n'est disponible… Quasiment aucun hôtelier ne parle anglais et, poussé par notre état de stress, nous fait ressentir un profond racisme. On finit au bout d'1 heure à trouver un hôtel avec des chambres. On se fait matraquer sur le prix, mais ça met fin au calvaire.
Les 2 jours suivants ont été paisibles et nous ont permis de nous détendre et de bien profiter de cet endroit magnifique.
2 jours plus tard, nous voici de nouveau dans le bus, direction Lijiang. Et là, nous avons vécu un autre grand moment de voyage. On a la tête dans le cul, installés dans le bus, prêts à dormir que le chauffeur (la vingtaine d'années) commence à parler à tout le monde en mode « one man show » tout en conduisant sur les routes escarpées longeant le lac. Lorsqu'il ne parle pas, il est au téléphone. Bref, on commence à l'aimer. Au bout de 30 minutes, l'animal sort un micro avec un énoooorme fil… Il recommence son speech et passe le micro dans le bus. Chacun doit se présenter, dire son nom et d'où il vient. On s'exécute en espérant que ça finisse rapidement pour qu'on puisse dormir ! Le micro arrivé à l'avant du bus, il repart instantanément à l'arrière du bus et chaque voyageur se voit alors invité  à pousser la chansonnette. Pas un passager ne rechigne à la tâche, et j'aime autant vous dire que les chinois ne sont pas des grands chanteurs ! Le micro à notre hauteur, je tente l'esquive et le passe à la voisine de devant. Mais nous recevons en retour une bronca ! Notre voisine de devant nous explique en anglais qu'on a pas le choix et que si on chante pas le chauffeur nous fera descendre de son bus (sur le ton de l'humour). Un chinois ayant entonné Frère Jacques (frère Dak) en chinois, on fait dans l'originalité et on chante frère Jacques également (après avoir rappelé les paroles à Laurence). Le voyage doit durer 7 heures, 1 heure seulement est passée. ON est morts de rire et finalement on est pris par l'ambiance mais on se demande quand même quand cela va-t-il s'arrêter !! Notre souhait est finalement exaucé assez vite. Cela nous permet de profiter des paysages incroyables sur la route.
La suite au prochain épisode !