4 mois et demi de voyage, dans des pays gorgés de soleil, pour réussir à attraper un coup de soleil… aux mains… C’est moche d’avoir une peau de blond… Pourtant le blond de Gad Elmaleh, je suis sûr que lui, il aurait juste bronzé, sans passer par l’étape biafine et pelaison en option… Sur le visage, je suis rougeau simplement, car j’avais mis de la crème. Pour le reste, aucune chance de prendre de coup de soleil à travers les 5 épaisseurs méticuleusement accumulées et mon pantalon de ski « made in China ». Mais si le soleil a pas réussi à attaquer sur ce front, en revanche le froid, oui !
Pour les photos, je tente un nouveau truc, je croise les doigts pour que ça marche, même si c'est moche!
Contexte : Arrivée à Langmusi (prononcé Langmuseu, allez savoir pourquoi la traduction « occidentale » des mots ne peux pas se prononcer comme ça s’écrit…), petit bourg de 3000 âmes (dont 700 moines dans les 2 temples de la vile), perché à 3300 mètres au dessus du niveau de la mer, et dominé par une montagne « cabreresque ». Température moyenne de la région :10°C. C’est une moyenne ; ici, c’est beaucoup moins !
J’avais donc décidé de partir en « horse trekking » dans la montagne et de vivre la vie des nomades… Je voulais faire 3 jours mais ce n’est pas possible car peu de campements de nomades sont ouverts. Donc finalement 2 jours et 1 nuit. Après avoir pris possession de mon canasson, départ vers les hautes montagnes.
Au bout d’1 heure de marche (de pas), averse de grêle… Heureusement, elle ne durera que 5 minutes mais le froid, lui, s’invitera pour la soirée et la nuit. Montée jusqu’à 3800 mètres. A cet endroit, on se retrouve seul dans une étendue de vert. Plus un poteau électrique ou de structure bétonnée pour venir polluer cette aquarelle de couleurs. Prairies en overdose de chlorophylle, ciel d’un bleu électrique et quelques nuages dans une teinte blanc coton. Ca ressemblerait presque au fond d’écran windows ! Et le calme ! On entendrait presque se déplacer les nuages. La vue à 360° est vraiment sublime.
Ici, des pics ciselés au cutter exhibant un manteau neigeux, là, un océan de petites fleurs jaunes, ou là bas encore le lit tortueux d’un ruisseau encore vierge de la saleté qui le gagnera dans la plaine. Au milieu, mon canasson et moi. Les autres participants (2 chinoises surexcitées et le guide) ont disparu. Mais le froid me rattrape quand les bourrasques de vent viennent balayer la crête de la montagne. Mes 2 polaires ne suffisent pas à empêcher le viol de ma protection thermique par ce fourbe d’Éole.
On rentre au campement où je passerai la nuit. 4 tentes en poil de yak, des bouses de yak soigneusement étalées sur l’herbe afin de sécher (elles servent de combustible), des chiens en cerbères postés aux 6 coins du camp, un ruisseau qui jaillit de sous la terre apportant une eau aussi froide que pure, et tout autour, la montagne. Et sur la montagne, à perte de vue, des yaks et des moutons. J’ai vraiment froid mais je me dit que compte tenu de l’heure de levé le matin, mes amis nomades vont se coucher tôt pour que je puisse regagner un bon duvet pour la nuit. Que nenni ! Coucher à 23H30 ! J’ai passé 5 heures à lutter contre le froid, en me collant au petit poil de la tente dont la chaleur se dissipait au-delà de 20 cm de rayon. Ambiance lambada collé serré avec le long tuyau de ferraille conduisant l’air chaud jusqu’à l’extérieur et le froid. Arrive enfin l’heure du sommeil. Entre temps, les yaks et les moutons ont été ramenés au milieu des tentes et soigneusement attachés.
Le ciel est magnifique avec un nombre d’étoiles multiplié par 100 par rapport au même ciel vu depuis la ville. Je garde toutes mes fringues, enfile mon duvet que je place dans un second duvet + 3 couvertures épaisses ! Contre toute attente, je n’ai pas eu froid ! J’ai donc pu dormir autant que mon dos me le permet. Et mon dos n’est pas fan du cheval. Donc réveil à 4 heures ; et longue attente que l’astre solaire daigne se montrer pour pouvoir enfin m’extirper de ce lit de fortune et de douleur. Lever du soleil, je suis le premier dehors, enfin presque. La maîtresse de maison, 17 ans mais en paraissant 30, est déjà au milieu des yaks en train de ramasser les bouses. Avant de partir j’avais lu un dépliant décrivant la vie des nomades. Dedans, ils indiquaient que les femmes avaient une vie très dure et que les hommes, eux, passaient leur vie au village a boire des thés avec leurs amis… Et, mesdames, je ne souhaite çà à personne. C’est limite de l’esclavage. C’est simple, tout le temps que j’ai passé au campement, elle a travaillé. Ramassage de bouse, étalage de bouse mains nues, ramassage de bouses séchées, traite des yaks (très long : amener le petit à sa mère pour initier la montée du lait, puis séparer le petit et le mettre à l’écart, effectuer la traite puis relâcher le petit et la mère ; le tout répété 50 fois environ), préparation du déjeuner (avec les mains qui ont étalé les bouses, si si), vaisselle, lessive, corvée d’eau au ruisseau avec les jerikens, entretien du poil, et cerise sur le gâteau, le petit de 2 mois à gérer. Pendant ce temps, les hommes, s’occupaient juste de ramener les yaks… De l’esclavage, tout simplement. A la fin de la journée, elle tombait littéralement de fatigue et pour elle, beaucoup plus que pour moi, le départ au lit a du être une délivrance. Voila pour le ¼ d’heure chienne de garde.
Le lendemain, retour en ville, à cheval, en passant toujours par ces beaux décors qui me feraient presque oublier mes douleurs dorsales et fessières !! On croise de plus en plus de monde en s’approchant de la ville : des moines, des chiens de garde, des enfants gambadant avec leur pantalon troués (mais troués exprès au niveau du popotin pour faciliter l’extraction de pipi et popo puisque pas de couches), et ces bergers tibétains dans leur costume traditionnel. Un costume très étrange avec 2 énormes manches descendant quasiment jusqu’au sol. C’est assez bizarre de les voir faire de la moto avec cette tenue hyper pas pratique (je l’ai essayée).
Aujourd’hui, hommage à Pierrette Bres, avec des courses hippiques ! On a rencontré (avec un couple de baroudeurs français Sylvie et Stéphane et une kiwi Joanna) un gars parlant anglais dans la rue et il nous a parlé de ces courses équestres qui se déroulent 1 fois par an dans un village à 30km de Langmusi. Compte tenu du temps dégueulasse samedi, on a pris le risque d’attendre dimanche et on ne regrette pas car c’était vraiment génial.
« L’hippodrome » se trouvait au milieu d’une plaine, et tous les gens des environs venaient pour regarder les courses (chevaux montés à cru par des enfants). Et on était littéralement les seuls « non-tibétains » du coin ! Donc on a eu droit à tous les regards, à 150 « Hello » à être pris en photo mais c’était vraiment sympa. En plus, il faisait beau alors que le matin en partant, c’était sous la pluie battante qu’on a quitté Langmusi. On s’est régalé à observer une fête entre locaux. Ils étaient tous ou presque en costume traditionnel (leur tenue de tous les jours) mais c’était l’âme du Tibet que l’on sentait battre.
Demain, retour à Xiahe !
La délicatesse, David Foenkinos
Il y a 13 ans
Photos tout simplement magnifiques! Le concept de la quequette directement à l'air libre est assez intéressant...
RépondreSupprimerIsabelle
És veritat que la muntanya de fons s'assembla a Cabrera! Quina gràcia! Tinc una pregunta: sempre que he llegit llibres que passen al Tibet he vist que els personatges beuen tè amb mantega de yak. Te n'han donat? Tinc curiositat per saber quin aspecte i quin gust té :)
RépondreSupprimerUna abraçada,
Marta
là c'est du incroyable - les photos et ce que tu vois. courageux de te taper la nuit version locaux et ton look sous la tente est top - bcp plus seyant que tes petits pulls étriqués de parigi!
RépondreSupprimeréclate toi bien
Technique d'envoyage de photos irréprochable et e post du jour valait bien l'attente qui l'a précédé. J'ai bien aimé la fin des courses avec les tickets de PMU qui jonchent le sol et toi (je t'ai reconnu malgré ton déguisement) sous ton grand chapeau blanc. De plus le lyrisme certain qui agrémente le carnet de route est un bonus pour la qualité du reportage. Encore merci et à très bientôt si g le feu vert de la faculté.
RépondreSupprimerLe JP
Tres belles photos. les costumes des nomandes te vont à merveilles:)
RépondreSupprimerLe beau gosse avec un turban rouge sur la tête pourrait remplacer aisément, pour mon 4 h, Rock Voisine, si tu vois ce que je veux dire...
RépondreSupprimerEn voyant toutes ces photos et en lisant tes explications, je ne peux que me répéter que tu as eu grandement raison d'entreprendre ton tour du monde. C'est magnifique!
Je t'embrasse
bon , ben je trouve que tu as raison de partir voir ce qui se passe , et se vit ailleurs , les photos sont magnifiques
RépondreSupprimeret ton gros plan sur le visage d'une jeune femme marquée par le temps est vraiment top , j'adore
quant aux habilles du pays , tu n'as pas l'air tres convaincu de l'isolation , mais ça donne une bonne idée de la température sous les tentes ,
maignifique partie de ton voyage
a continuer de nous faire rever !!!
Salut Laurent! Tu me donnerais presque envie d'aller faire un petit tour en Chine, c'est dire si tes photos sont étonnantes et superbement inspirées! Du coup je trouve le temps long jusqu'au prochain post !
RépondreSupprimerUne idée: puisque tu es doué pour sublimer ce qui semble médiocre ou insignifiant au commun des mortels, peut-être pourrais-tu venir aux Ulis à ton retour pour prendre quelques clichés et redonner un peu d'espoir aux futurs déportés d'Issy !? Pour trouver l'inspiration... je te fais confiance!!
Profites bien et Merci
@+
Marc R
Tout simplement magnifique! J'adore!
RépondreSupprimerProfite en bien et prends soin de ton dos!
Bises
Caro