Udaipur – Ville aux 2 visages

Mon séjour dans cette ville que l’on dit romantique, sera marqué du sceau du scepticisme. Outre l’aspect architectural, sur lequel on reviendra, c’est surtout mes relations avec les gens qui peuplent cette ville qui me rend perplexe. En l’espace d’1 heure, je suis passé du stade d’énervement certain à celui de bonheur.

Udaipur est donc la ville d’Octopussy. Elle est construite sur les rives d’un lac et 2 îles sont posées sur le lac. Sur chaque île trônent des bâtiments dont le blanc prend bien la lumière au lever et au coucher du soleil. Un des 2 bâtiments a été transformé en hôtel de luxe. La ville compte aussi le plus grand palais du Rajasthan (le city palace). Tout n’étant pas ouvert au public, la visite est tout de même assez rapide.

Udaipur est également la ville où les démarcheurs de tous poils (artisanat, taileurs, orfèvres, rickshaws, marijuana) sont de loin les plus pénibles à ce stade de mon périple. Avec toujours le traditionnel enchaînement : Hello ! How are you ? Which Country ? France ? Paris/Lyon/Marseille/Toulouse/Bayonne… ? Comment ça va ? Etc… Au début c’est gentil tu as de la patience donc tu te prête au jeu en sachant très bien qu’au final, il essaiera de te vendre quelque chose (et je peux pas leur en vouloir de tout essayer pour). Mais au bout du 50ème… Certaines rues, c’est simple, à chaque fois que tu croises quelqu’un, tu y as droit ! Donc tu commences à être de moins en moins aimable, à renvoyer de moins en moins les sourires, et t’as limite envie de rester à la terrasse de l’hôtel pour contempler la vue. T’as juste envie de leur dire : « mais qu’est-ce que t’en as à foutre d’où je viens et comment je m’appelle lâche moi la grappe ! ». parce qu’il faut voir que certains sont des vrais « morbaks ». Je me retrouve au temple jaïn juste derrière l’hôtel. Très joli temple, avec des sadhus à l’entrée, et des devotes aux sarees multicolores discutant tranquillement sur les marches du temple. Bref tout pour faire de jolies photos et passer un bon moment calme et serein. Là arrive notre Morbak, à peine enlevé les chaussures et dépassé le portique du temple. Celui-ci, en plus d’un « biglouchisme » qui rend compliqué de fixer son regard (quel œil je choisi…), t’accostes gentiment : Hello ! How are you ? Which Country ? France ? Paris/Lyon/Marseille/Toulouse/Bayonne… ? Comment ça va ? Pas de chance pour moi et tous les français, les Morbaks Udaipurotes parlent plutôt pas mal le français (il faut dire que le contingent français est de loin le plus représenté parmi les touristes). Au départ, il t’explique 2-3 trucs sur le temple, tu l’écoutes gentiment, en continuant à prendre des photos histoire qu’il comprenne que t’es occupé là ! Et il te suit à la trace (marquage à la culotte). Toujours gentiment donc difficile de lui dire quoi que ce soit. Au bout de 20 minutes, après t’avoir affirmé que « no money », le mec commence à t’expliquer qu’il fait partie d’une école d’art et que sa galerie donne une exposition dont c’est le dernier jour avant d’aller à Paris. Et justement la galerie est juste à côté. Tu refuses poliment, une fois, 2 fois, il semble enfin comprendre mais te proposes quand même de la marijuana avant le départ. Je me poste à la sortie du temple, en haut des marches en surplomb d’une place permettant d’avoir une vue, et voilà –ti-pas que Morbak N°2, le pote du premier, commence à me tenir exactement le même speech que N°1 ! Ils ne s’étaient pas concertés. Ce coup-ci je l’arrête direct, assez énervé, jusqu’à ce que N°2 aperçoive N°1 en bas des marches qui lui fait signe qu’il n’y a rien à tirer de moi… Pfiouuuu ça fatigue tout ça. Mais c’est pas fini et c’est d’autres qui font payer de m’avoir chauffé.

Je descends vers les ghats ou des gens se lavent et font leur lessive qu’un mec arrive et commence Hello ! How are you ? Which Country ? France ? Paris/Lyon/Marseille/Toulouse/Bayonne… ? Comment ça va ? Etc… Lui je l’envoie chier direct avant de savoir ce qu’il me vendait et il n’a pas apprécié. Là je suis bouillant ! Je change d’endroit et rebelote et vas –y que je te serre la main en plus (je dois en serrer 30 par jour environ (surprenant que le dossier toutou se soit arrêté avec une fausse alerte !)). Là je ne dis pas mon pays et le laisse deviner (j’avais à ce moment décidé de prendre la nationalité andorranne) : Australia, France, Holland, Austria, England, czech republic, etc… Je lui dit encore plus petit comme pays. A ce moment là de la discussion, en principe un Morbak de base lâche prise, comprenant que j’ai pas trop envie de discuter. Lui, continue, « When did you arrive, when do you leave, in what hotel are you ?” et là il pose la question fatidique “do you like Udaipur?”. Fatidique parce que j’ai un gros défaut c’est que quand on me demande si j’aime, je fais pas comme 95% des gens en disant oui même si c’est pas vrai (genre au resto), mais je dis réellement ce que je pense. Je lui dit donc que c’est bien sauf que les gens sont vraiment « pushy » en lui faisant un signe du mec qui s’accroche et lui dit que depuis que je suis en Inde, c’est le pire endroit pour ça. Bizarrement, ça ne lui a pas plu… Oooooooh l’asticot, si tu veux pas entendre la réponse, faut pas poser la question !!! Sur ce, il me propose très gentiment de dégager de la ville puisque ça ne me plait pas et de partir plutôt à midi plutôt que demain… Fin de cette discussion courtoise… et énervement au max. Tous mes shakras sont fermés !

Voila Mark, je mets de la Gizesse. Il faut savoir que 10 secondes plus tard elle était topless et se caressait les tétons.

Et c’est souvent de ces moments que surgit le bon. Je décide en effet, de partir du quartier touristique (autour du palais et là où sont réunis les hôtels) et d’aller me balader à la rencontre des « vrais » gens. Et là, ça a réellement été un grand bonheur. Des gens qui te sourient, qui disent juste Hello ou Namaste, sans rien demander et tu vois dans leur regard qu’ils sont surpris de voir un touriste dans leur quartier mais que ça leur plait. Les enfants te disent Hello, veulent des photos. Les mamies sur le pas de leur porte hôchent nonchalement la tête sur ton passage. Ca m’a redonné le sourire et je suis resté bien 3 heures à déambuler en m’éloignant de plus en plus du centre et en m’engouffrant dans des rues minuscules, entouré de maisons bleues, vertes avec des portes colorées, des peintures de Ganesh un peu partout. La vraie Inde quoi !!

En fin d’après-midi, petite balade sur le lac afin de pouvoir contempler le palais depuis l’eau (c’est presque le seul moyen de le voir dans toute sa grandeur). Pour finir, le traditionnel coucher de soleil.

(je sais c'est flou, mais depuis Jodhpur, je cherche à faire une photo comme ça. Bon là c'est flou, trop près de l'eau, mais j'ai pas dit mon dernier mot, il me reste du temps!)

A part l’énervement passager qui je pense était aussi dû à l’accumulation de 15 jours, plutôt une bonne journée.

En principe, Bundi demain soir et après demain devrait être un peu dans le même style, j’ai hâte !!

Bisous!
 
PS: un article sans animal de près? Non non non