Les Voyages en Train et l’incroyable Amritsar

Je suis dans le train, je sais l’heure qu’ il est (qui correspond à l’heure à laquelle on devrait être arrivés) et il reste d’après un de ces vendeurs ambulants qui arpentent les trains pour vendre thé, eau, samoussas, chips et biscuits (prononcer « biscoute ») 2 heures. Bref, aucune idée de qd on va arriver. C’est aussi ce qui fait la beauté du voyage, et puis à la SNCF aussi les trains sont en retard. Mais à la SNCF, y’a ni cafards ni souris dans les trains. Ici ça grouille un peu ! Je me dirige donc vers Amritsar sans aucune idée de l’heure d’arrivée. Du coup, après avoir entamé La métaphysique des tubes et écouté mon ipod, je continue mes activités de riche en sortant mon portable pour démarrer l’article de demain.

Même si je me sens safe de sortir mes équipements (ce qui me retiens est plutôt une forme de pudeur par rapport à la pauvreté), je me sens pas de me lever pour aller aux wawa. Je ne sais pas, il y a comme un pacte induit quand on s’installe dans un train qui dit grosso modo que chacun surveille les affaires de chacun. Enfin c’est un peu comme ça que je le ressens en France. Du coup, t’es à peu près confiant quand tu vas aux toilettes sans prendre toutes tes affaires. Ici, vu que je suis pas d’ici, je me sens pas dans le « pacte ». Ca peut paraitre con, mais ct la pensée Nothombienne du post.

Avant le train il y a eu une demi-journée. Après un réveil tardif (11H) qui m’a fait renoncer à aller à Rishikesh (je regrette un peu), je suis parti visiter le Mansa Devi temple qui surplombe Haridwar. C’est assez amusant parceque pour y accéder c’est soit la marche soit un vieux téléphérique ! C’était un peu ambiance Alpes dans les années 30… Une fois en haut, on suit le chemin obligatoire pour se rendre au temple. Là bas, déjà on enlève ses chaussures (ce qui m’a valu remontrance) puis on passe devant des espèces de petits mausolées avec un mec en chair et en os qui veut te mettre un peu de rouge sur le front (il faut que je me renseigne sur ce que c’est et ce que ça signifie parceque là, mon récit ne sera pas très instructif). Et évidemment s’il arrive à te choper, t’es bon pour faire une offrande. Je ne sais pas si avec ma nouvelle coupe j’ai une tête d’Hindou, mais ils ont tous très envie de me rougir le front !!! Certains limites agressifs. Ensuite on passe devant les différentes divinités. Offrandes de nourriture, fleurs, et argent. Ce temple est réputé pour faire réaliser ses vœux. J’ai donc fait mon vœu. Une fois sorti du temple et récupéré mes chaussures, je suis passé dans un petit bar en terrasse juste à la sortie du temple et je m’y suis posé. J’ai profité pendant 1 heure d’un petit bain de soleil. Pas que la vue soit magnifique mais juste pour observer les gens passer et les singes. Un de ces moments où sans trop savoir pourquoi on se sent bien, en paix. Ce moment s’est interrompu quand un singe venu de nulle part est venu choper la canisse de jus d’ananas que j’avais laissée à 20 cm de mon bras. Ca a duré 1 seconde et ça surprends ! Vu que le singe était cool et taquin, il s’est planté à 5 mètres de mois, en haut d’un portique pourtant pointu pour siroter méticuleusement les restes du nectar.

Une fois revenu en ville, je me suis posé sur la terrasse de l’hôtel pour profiter du vol des oiseaux. Y’en a partout et quand à Paris on a des pigeons et bien ici ils ont des aigles magnifiques. Vraiment superbe.

Après une arrivée tardive (2 heures de retard), direction la guest house que j’avais réservée par téléphone. Je réveille les gens de la réception qui m’emmènent dans la chambre 103. Et là, c’est spartiate mais compte tenu du prix, on ne peut pas trop se plaindre (500 Roupies soit environ 8 euros). Pas de draps, juste une grosse couverture et des draps un peu dégueu. Je sors mon duvet + sac à viande, je m’installe et je sens un petit vent sur mon visage. En fait, la fenêtre dissimulée derrière les rideaux était un ventilo. Ce doit être top en été mais là, il fait 0° donc nuit de cauchemar ! J’ai du dormir en tout et pour tout 2 heures. Ce matin, réveil au aurores pour essayer de voir le lever de soleil sur le temple d’or (un temple magnifique tout en or). Je sors et là, visibilité de 10 mètres environ. Le temple est situé sur un bout de terre entouré d’eau au milieu d’un grand carré. L’eau doit faire 20 mètres de long. Résultat : je ne voyais pas le temple. On distingue des lumières mais rien de plus. Je retenterai ma chance cet après midi mais ça me ferait ch… d’avoir fait tout ce voyage pour rien ! L’autre truc super, c’est qu’il faut rentrer dans le temple pied nu. Autant dire que c’est pas une partie de plaisir par ce temps. Je pense que cet endroit quand il fait chaud doit vraiment être magique parcequ’il se dégage malgré tout une ambiance de dévotion, réflexion et de paix. Ca doit être extrêmement agréable de se mettre assis entre 2 arcades et voir passer le temps. Bref, mon début de périple est un peu « gâché » par le froid et la brume. Du coup, dès demain, je mets le cap au sud en espérant une amélioration.

Ca c’était le récit en fin de matinée. Le retour au temple d’or (le lieu le plus saint du sikkhisme (les gens qui portent tout le temps des turbans et des dagues)) m’apporte, comme le reste de l’après-midi moult satisfactions. On dit souvent que l’Inde est photogénique et je confirme. Il faut vraiment que je fasse des choix cornéliens pour ne pas trop alourdir mon post. Ce temple, qui renferme le livre saint des sikhs a été batti au XVIème siècle et serait recouvert de 750kg d’or. Impossible de photographier de près. C’est aussi là que j’ai pu tester le gout des jeunes indiens d’être photographiés. Je me suis fait arrêté 2 fois pour prendre des jeunes en photo. Tu leur montre la photo sur l’écran et ils sont ravis !

En tout cas, rien qu’à ce moment, je ne regrette plus du tout le gros détour. Les indiens sont vraiment gentils dans l’ensemble. Soit ils vous ignorent complètement (les étrangers sont considérés comme des sous-merdes dans leur systèmes de « castes »), soit ils sont hyper curieux.

Puis dans l’après midi, je pars pour la frontière pakistanaise située à 30km seulement (le post est long, j’espère ne pas vous perdre en route). J’arrive à me fondre dans un convoi de locaux où l’on s’entasse à 9 dans une minuscule camionnette (coût A/R de 75 Rs soit un peu plus d’1 euro !!). On était 3 à l’avant et celui du milieu avait le pommeau de vitesse entre les jambes. Mmmmhhh tu aimes les films de gladiateurs… Cette proximité permets néanmoins de nouer des contacts et je me suis ainsi fait mon premier pote : Prasanth avec qui on a échangé adresses et N° de portable en sachant qu’il y avait 0,01% de chances qu’on communique un jour. Mais ça a l’air de se faire beaucoup. Pour le clin d’œil, il bosse pour IBM (bouuuuuuuuuuh !!!). Revenons à la frontière ou se tient un spectacle de marionnettes réglé comme du papier à musique. Tous les soirs, la fermeture de la frontière fait l’objet d’un spectacle militaro-populaire et c’est complètement incroyable. Côté indien, et pakistanais, des tribunes ont été construites pour faire tenir tout le monde et honnêtement c’est nécessaire, surtout côté indien où c’était bondé. Ici aussi, on avait des boulogne boys qui haranguaient la foule en balançant des « Hindoustan » auxquels la foule répondait en cœur. Le tout dans un joyeux bordel.

Le reste relève un peu de la parade de paon. C’est à qui aura l’air le plus martial avec des saluts de dingues (à qui lève la jambe le plus haut). C’est assez impressionnant et j’étais vraiment mort de rire et estomaqué pendant de bonnes minutes.

Ca dure une bonne heure le machin et on rentre au centre ville. Je décide du coup de me refaire ma 3ème session de temple, de nuit et toujours façon va-nu-pied. Et là je ne suis pas tombé par terre (c’est la faute à Voltaire) mais je suis tombé sur le cul (c’est la faute à Nehru… pas trouvé mieux). Le temple est éclairé et l’atmosphère mystique renforce la beauté de l’édifice.

Je me suis assis de longues minutes et un jeune indien, à classé dans les curieux est venu discuter, comme ça pour rien. Il faut s’y faire. C’est un pays où les gens viennent te parler sans avoir d’intérêt (même si ça arrive évidemment aussi). On s’est mis à se raconter nos vies pendant 1 bonne ½ heure où on a comparé nos modes de vie. Une chose qu’ils ont du mal à comprendre, c’est que je sois seul. Ici c’est difficilement concevable de quitter ses parents avant le mariage (non maman, je ne reviendrai pas à la maison !) ainsi que voyager seul. Je lui ai demandé si ses parents allaient lui choisir sa future femme et il a répondu oui sans aucune gêne. J’ai insisté en lui demandant ce qu’il ferait si la promise était hideuse et il a dit que ce n’était pas grave. Que tant qu’elle avait un talent, ça lui allait. Belle leçon.

Maintenant, je repars en ville pour diner en ville (surement le même resto que ce midi qui était bon. Le Lonely le qualifie de resto impeccable. Ca m’a fait marrer car il y avait des souris partout ! JE commence à me méfier du lonely planet !!

Demain, départ pour Jodhpur en avion. Bisous à tous et merci pour vos commentaires (Mark, ne les écoute pas, de toute façon dans 2 semaines, ils sont plus là !), ça me fait vraiment plaisir que ça vous plaise et de voir que vous suivez. Je vous embrasse tous !